Rêve de chenille
Rêve de chenille
(section des poèmes nouveaux)
La petite chenille promène ses pattes
Tour à tour, une à une, pas à pas, rampant,
Sans cesse elle tortille son corps dans la boîte
Pour avancer plus loin ses anneaux ondulants.
Elle mange, elle croque les feuilles bien vertes
Qui font sa grande joie et la laissent alerte.
Mais bientôt, la prison éteint son insouciance
Et l'enferme à présent dans l'immobilité.
Elle est dans son cocon et mesure la chance
Qu'elle avait avant : sans responsabilité
Elle courait la vie, sans penser au carcan
Des droits et des devoirs qui sont siens maintenant.
Alors elle s'endort et se laisse écraser
Sous le poids du sommeil et puis de l'habitude,
Pendant que tout dehors continue d'exister.
Mais soudain, un sursaut, dans cet ennui si rude :
Elle devient effort incessant pour craquer
La verte chrysalide afin de s'envoler.
Elle est bien transformée, deux ailes ont poussé
Sur ce long corps étrange tout emmailloté.
Elle aura tant souffert pour pouvoir tout changer
Et sortir magnifique aux ailes colorées.
Si comme elle on pouvait un jour briser nos chaînes
Et sortir réveillée, libre, notre âme humaine !
© 2014, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.