Gabriel s'était préparé pour la prochaine entrée d'un de ses geôliers, puisqu'il avait constaté qu'on n'envoyait plus qu'un seul garde pour cette mission : quoiqu'il ne pût pas voir dans le couloir si la voie était bien dégagée, il avait décidé qu'il surprendrait son gardien en se mettant dans l'angle mort par rapport à la porte, et en se précipitant sauvagement sur lui, pour faire voler le plateau qu'il portait. Il espérait profiter de cette diversion pour s'enfuir en courant le plus vite qu'il pourrait, même s'il n'imaginait pas vraiment où il devrait aller. Il ne connaissait pas les lieux et devrait donc être particulièrement bien inspiré pour réussir à sortir avant de se faire rattraper.
Le prisonnier entendit la porte s'ouvrir, mais il n'eut pas le temps d'aller se poster où il l'avait prévu. Le temps avait dû lui échapper, ou alors on venait plus tôt. Gabriel ne pourrait pas facilement tenter son évasion cette fois, il devrait probablement attendre. Il essaya de ne pas montrer son trouble et sa nervosité quand l'homme entra dans la pièce. Mais là, ce fut la surprise, il n'était pas seul, un autre l'accompagnait. Ils s'approchèrent de lui, l'immobilisèrent pour lui enfiler à nouveau une cagoule.
"Oh non, encore ! s'apitoya Gabriel.
- Tais-toi, c'est ton jour de chance." répondit l'un des gardes en le faisant avancer.
Gabriel ne comprenait pas pourquoi on le disait chanceux. Il sentit à nouveau qu'on le guidait en le maintenant sous contrôle comme dans un labyrinthe, qu'on le fit grimper dans un véhicule... En somme il revécut l'aventure à l'envers. Bientôt, le véhicule s'arrêta, la porte s'ouvrit brutalement et les gardes le poussèrent violemment dehors en lui arrachant sa cagoule et démarrèrent en trombe. Gabriel ne put même pas relever la tête à temps pour apercevoir le véhicule de ses ravisseurs.
Pendant ce temps au commissariat, alors que l'enquête piétinait lamentablement, les résultats du labo arrivèrent.
"Chef, on a la confirmation, c'est bien le téléphone de Gabriel Rochat.
- Et la liste des appels, ça donne quoi ?
- Rien, nothing, nada.
- Comment ça ?
- Eh bien les appels reçus et émis sont tous de gens qui figurent dans son répertoire, pas d'appel suspect, pas de harcèlement en vue, tout a l'air parfaitement normal.
- Si tout était normal, il n'aurait pas disparu, fouillez encore !
- Chef ! dit un autre.
- Quoi encore ?
- Il est revenu.
- Qui ?
- Le kidnappé, Rochat !
- Quoi ?
- La secrétaire vient d'appeler, il est de retour.
- On s'est encore bien foutu de nous.
- Ah non, apparemment il a bien été enlevé, mais il a été libéré..."
(à suivre...)
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