Au dernier moment, les passagers du pont, Jim et l'équipage, qui tenait toujours les lampes torches, balisant le bateau, aperçurent un reflet ; celui d'une vitre. Ils eurent à peine le temps de comprendre et ne poussèrent aucun cri avant l'impact. Dans la cabine qu'ils avaient investie pour leurs tendres ébats, John venait d'entendre le dernier gémissement de Marlane, le plus beau, le plus fort. Et sans autre bruit que le formidable fracas de leur rencontre, le bateau et l'avion disparurent dans le chenal de lune.

FIN

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   Nicolas avait remis ses mains sur chacune de ses oreilles. Il était le seul qui n'avait pas le regard attiré par le bruit comme un aimant. La main de la jeune femme au chapeau ne touchait plus son front. Anna-Liah s'était un peu redressée. Tout le monde, sauf Nicolas, restait fixé sur la poupe du navire, les yeux dans le noir profond de la nuit.

  Soudain, l'ombre apparut. Elle accompagnait le bruit et grandissait à vue d'œil. Elle fondait sur L'Infatigable cavalier des océans.

(à suivre...)

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   Dans la salle de réception, l'orchestre jouait toujours et n'entendait pas encore le bruit assourdissant qui arrivait du dehors. En revanche, Nolan, assis près de la porte donnant sur le pont, avait remarqué les poses de statues des trois jeunes gens qui tournaient sur eux-mêmes quelques instants auparavant. Il décida de sortir les rejoindre et il entendit... Il tourna la tête comme les autres vers la poupe et se figea, telle une statue de sel que le premier orage viendrait dissoudre.

(à suivre...)

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   Jim retourna à son poste. Ne voyant toujours rien sur ses instruments de bord, il demanda à son équipage de se placer avec des lampes torches tout autour du bateau et d'éclairer vers l'extérieur. Les passagers qui n'étaient pas à l'intérieur du bâtiment entendaient tous, maintenant, le bruit qui hantait Jim depuis un moment. Les regards, d'abord dispersés, se concentrèrent à l'arrière du navire.

(à suivre...)

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   Dehors le bruit revint aux oreilles de Jim. Il descendit de son promontoire et fit à la hâte le tour du bateau. Il ne voulait pas éveiller les soupçons des passagers, encore moins faire naître la panique chez eux, mais il sentait le parfum du danger et de la mission dont il s'estimait investi. Il faisait mine de vérifier le matériel, notamment les canots de L'Infatigable cavalier des océans, mais en réalité il cherchait l'origine du bruit. Il entendait sans rien voir, et trouvait cela plus que pénible.

(à suivre...)

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   Pendant que le bateau volait à tire d'ailes vers la lune, Yanis, cette fois, dormait pour de bon. Mark et Sylvia s'étaient assis sur une banquette, pas loin de lui, et ils le regardaient, attendris. L'orchestre continuait d'égrener les notes qui faisaient se mouvoir sur la piste encore des dizaines de danseurs absolument ravis.

   Dans leur cabine, Jacques et sa famille étaient alités, Jordan presque endormi. La mère lisait dans les bras de son mari et Amélie rêvait qu'elle avait trouvé le garçon au regard de l'amour.

(à suivre...)

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   Le bateau, à présent, naviguait dans l'axe de la lune. Il suivait son chemin brillant sur l'océan, comme un tapis de paillettes au grand soir de sa vie. L'astre était devant L'Infatigable cavalier des océans, lui éclairait la voie, lui ouvrait la route.

   Jim ne put s'empêcher de trouver cet instant magnifique. Il oubliait le bruit en fixant la lumière. Judith, fascinée par tant de beauté, entraîna Julien vers la proue du navire. Ils ne naviguaient plus, ils volaient.

(à suivre...)

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   La jeune femme au chapeau accompagna Nicolas vers un banc du pont. Elle l'assit mais ne parvint pas à le faire parler. Il semblait terriblement souffrir. Elle lui mit la main sur le front et il ressentit un peu d'apaisement, alors il rattrapa précipitamment sa main quand elle voulut la retirer.

   Plus loin, les trois jeunes avaient cessé de tourner sur eux-mêmes et regardaient la scène stupéfaits. Ils commencèrent même à s'inquiéter, comme si l'atmosphère, soudain, avait changé.

(à suivre...)

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   Mais Nicolas n'avait pas trop bu. Il avança tant bien que mal cherchant des yeux un refuge : tout était flou. Il se retrouva plus ou moins dans les bras de la femme au chapeau, qui se promenait toujours sur le pont. Avec ses grands yeux clairs et son sourire inconditionnel, elle attirait les regards de tous les hommes, qui pourtant ne l'approchaient guère. Aucun d'eux ne comprenait qu'elle fût toujours seule, elle, la paix, la joie et le bonheur incarnés.

(à suivre...)

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   Dans la grande salle, Nicolas fut pris d'un haut-le-cœur et se jeta à corps perdu hors de la salle pour respirer. Il avait la tête comme prise dans un étau qui serrait, serrait, serrait plus fort, à chaque seconde. Il se retrouva au milieu d'un groupe de jeunes gens qui tournaient sur eux-mêmes en élevant les bras au ciel. Il tituba tant le malaise devenait fort et les moqueries des jeunes fusèrent à son endroit. A tous les coups, ils le prenaient pour un soûlard venu déverser son trop-plein.

(à suivre...)

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