Jim revint sur terre. Il scruta encore une fois très attentivement l'horizon noir qui s'étalait devant lui, à perte de vue. Il fallait qu'il observât avec la plus grande attention, au cas où quelque chose serait là, qui aurait échappé aux radars. Il refusait d'être responsable d'un désastre. En conséquence, il avait toujours peur qu'un grain de sable vînt enrayer les rouages si bien huilés de ses voyages. Il voulait ramener le bateau à bon port et sans le moindre accroc, autant que faire se pouvait. Et s'il trouvait quelque embarcation en détresse, il serait le premier à se porter au secours des malheureux. La mer, c'était la solidarité. Question d'éthique...

(à suivre...)

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    Quel beau souvenir ! Elle était arrivée au bras de son père, dans sa magnifique robe blanche, c'était le grand saut, pour tous les deux, et même un peu pour le papa. Oh ! bien sûr, il y avait de nombreux invités, la famille de Jim y avait tenu, mais Jim ne voyait que sa future femme ce jour-là. Il en était fier, si fier qu'il avait plongé dans son regard pendant toute l'avancée de la jeune femme vers l'autel. Pas de larme, non, il était parvenu à contenir son émotion, qui débordait malgré tout dans l'expression tendre et reconnaissante qu'il envoyait à sa femme en guise de cadeau de mariage.

    Puis le prêtre avait prononcé des paroles, que Jim avait eu peine à écouter, et enfin, l'échange des consentements était arrivé, l'alliance que l'on glisse au doigt de l'autre, et la déclaration officielle : ça y était ! Ils étaient l'un à l'autre pour la vie.

(à suivre...)

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    Ah l'amour ! Du haut de son poste de commandement, Jim n'osait y songer. Cela faisait des semaines qu'il n'avait vu sa femme. Que pouvait-elle bien faire d'ailleurs, à cette heure où tout le monde ici s'amusait ? Il était parti tellement souvent au cours de l'année, que soit elle était bien triste en l'attendant, soit elle avait pris un amant. Et qui donc ? Le boulanger, dernier venu à s'installer dans leur quartier ? Le coiffeur, peut-être. Non, un homme qui lui aura été présenté par une de ses amies... Jim secoua la tête et chassa ses sombres pensées. Il préféra se remémorer sa femme, resplendissante, le jour de leur mariage, avec sa petite couronne de fleurs d'oranger.

(à suivre...)

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    Le regard de John la fascinait. Elle en rêva encore pendant longtemps allongée dans le lit de la cabine familiale. Cela l'avait intriguée à un point tel qu'elle avait cherché plusieurs fois à recroiser le couple sur le bateau. Elle était devenue une petite espionne. Elle avait eu du mal au début à les retrouver, mais une fois sa quête aboutie, elle restait en admiration devant eux. Elle les trouvait beaux, et à travers eux, c'était l'amour même qu'elle jugeait magnifique. Quelle puissance dans leurs regards ! Quelle force, capable d'anéantir le monde entier autour de ces deux êtres ! Vraiment, l'amour, ce devait être quelque chose de sublime !

(à suivre...)

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    Amélie, qui passait par là, avait surpris le regard de John et s'était dit qu'elle aimerait bien qu'un jour, un garçon la regarde ainsi. Elle avait rejoint son groupe de copains qui était resté au bord de la piscine du pont supérieur, pour en profiter en nocturne. Elle avait ensuite pris place dans un transat puis fiché son regard dans les étoiles. La lumière tamisée de la piscine, les rires de ses amis, le verre qu'elle sirotait doucement, tout, vraiment tout était parfait, et rien n'aurait pu la distraire dans sa méditation.

    "Amélie, les parents veulent qu'on rentre, il est tard." était venu lui dire Jordan, la tirant de sa rêverie avec la brutalité d'un boxeur. Elle suivit son frère et rejoignit ses parents.

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    Quand la jeune femme avait offert son verre à John, il était monté au plus haut des cieux. Elle s'était présentée, elle s'appelait Marlane. Quel beau prénom, Marlane ! Il le tournait et le retournait dans sa tête indéfiniment, quand il se rendit compte qu'il avait du mal à se concentrer sur ce que la jolie demoiselle pouvait bien raconter. Il essaya de se ressaisir, sinon il ne pourrait rien répondre, ou pire, il répondrait à côté. Réfléchir... Elle attendait... euh... ah oui, sans doute son prénom à lui, c'était logique. Il le lui donna depuis les centaines de mètres de hauteur qui l'avaient emporté vers les nuages. Il restait fixé dans son regard, comme s'il était une ancre qui l'empêchait de dériver.

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    Jim n'allait que très rarement dans la grande salle de réception du navire. Et pour cause, il devait veiller au grain. Il scrutait le ciel à longueur de journée, vérifiait les instruments de bord et l'état du bateau ; l'amusement, c'était pour les autres, ceux de l'équipage, et les passagers. Mais lui n'avait pas le droit de se relâcher. Il était responsable, le maître à bord.

    De toutes façons, il n'aimait pas vraiment quand tout ce petit monde embarqué sur son bâtiment commençait à lui adresser des salves d'applaudissements en braquant sur lui tous les yeux disponibles ainsi que les projecteurs. Il refusait d'être une star. En revanche, là où il se sentait bien, c'était dans son poste de commandement. Seul ou presque, il y surplombait son univers.

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    Régulièrement, ils s'étaient croisés sur le bateau. souvent John avait guidé les pas de ses amis vers la jeune femme, et le groupe l'avait enveloppée de sa musique chaleureuse et festive. La jeune femme aimait danser, et elle dansait bien. John adorait la voir réagir aux accents de sa trompette.

    Un soir, alors que le groupe était venu au bar de la grande salle de réception du navire, elle était soudain venue le saluer, et spontanément, elle avait proposé d'offrir un verre à John. Il était resté muet quelques instants, tout surpris. Ses amis réagirent en le taquinant gentiment. Il rougit et accepta.

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    Les autres avaient bien senti quelque chose de changé chez John, mais ils n'avaient rien dit. Et puis un jour, ils l'avaient vu lever son indévissable chapeau pour saluer une jeune femme, rien de plus. Il avait l'air tout chose et quand il revint vers ses amis, l'un d'eux lui dit :

"Alors c'est elle ?

-Hein ? Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

-Pas à nous... Tu es trop différent depuis qu'on est montés sur ce bateau.

-Tu dis n'importe quoi. Je n'ai changé en rien.

-Disons que tu es plus distrait.

-De toutes façons, elle est belle, non ?

-Ah, ça ! Oui, elle est belle."

Les choses en étaient restées là, tout était dit.

(à suivre...)

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    Dans le groupe, il y avait John, le trompettiste. C'est lui qui donnait de temps en temps au groupe une couleur de Nouvelle Orléans. Il avait même été invité à accompagner les musiciens officiels du bateau lors d'une soirée de gala. John, c'était la première fois qu'il montait sur un bateau quand il franchit la passerelle de L'Infatigable cavalier des océans. Il avait découvert cette sensation particulière d'un sol à la fois solide, robuste et fuyant, mouvant. Il avait senti la force de la mer. Et au moment où il avait ressenti cela, il avait croisé le regard d'une passagère...

    Il avait mis trois jours pour la retrouver dans tout le monde qui naviguait sur ce navire. Il n'en avait pas dormi. Le coup de foudre, il n'y avait jamais cru. Et pourtant, il ne saurait dire pourquoi ce regard l'avait pénétré, happé et fasciné dès le premier instant.

(à suivre...)

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