Le feuilleton (la suite)
"Amenez-moi Rochat en salle d'interrogatoire !" ordonna le chef et il se plaça derrière la vitre sans tain. Il observa ses collègues installer l'homme qui hantait son esprit depuis qu'il était en charge de l'enquête. L'homme s'assit, et attendit. Il attendit. Il attendit longtemps, les mains croisées sur la table dans un premier temps. Puis il regarda un peu la pièce, il tapota ses doigts sur la table, se passa la main dans les cheveux, vérifia le revers de sa veste. Il regardait l'état dans lequel se trouvaient ses mains quand l'agent se décida enfin à pénétrer dans la salle.
Il tourna autour de Gabriel Rochat lentement sans rien dire avec un dossier dans les mains. Puis il s'assit en face de lui en posant le dossier sur la table sans l'ouvrir.
"Alors monsieur Rochat, vous ne m'avez pas tout dit...
- Pardon ?
- Ce jeune homme dont vous nous avez parlé...
- Oui, eh bien ?
- Ce ne serait pas celui-là par hasard ? demanda le policier en ouvrant le dossier qui contenait les photos d'un jeune homme manifestement assassiné.
- Oh mon Dieu ! s'exclama Gabriel qui avait immédiatement reconnu l'adolescent à la clé usb.
- Vous ne vous attendiez pas à ça, n'est-ce pas ? Comment l'expliquez-vous ?
- Mais comment voulez-vous que je l'explique, je ne sais rien. Il était vivant la dernière fois que je l'ai vu, moi !
- Que vous dites...
- Alors ça c'est un comble ! Vous allez m'accuser peut-être !
- Je vous avoue que j'y pense, monsieur Rochat. Voyez-vous, inventer une histoire de disparition pour pouvoir commettre un meurtre en toute impunité, ça ne serait pas si inimaginable...
- Mais vous êtes fou !
- Il vous ennuyait pour une raison que j'ignore encore, vous l'avez enfermé pour régler vos comptes et quand vous avez estimé que vous pouviez ressortir du bois, vous l'avez tué et déposé à quelques pâtés de maison de l'endroit où on vous a soi-disant libéré. Comme vous n'aviez pas de téléphone, il est impossible de remonter vos itinéraires...
(à suivre...)
© 2014, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.
Les voisins
Une Scène à la fenêtre
Une Scène à la fenêtre
(section des poèmes nouveaux)
Deux oiseaux sur la gouttière
Se tiennent chaud sous le toit.
Serre-toi bien contre moi
Faisons donc fi de l'hiver.
Noir et blanc et blanc et noir
Deux pies redonnent l'espoir.
Cœur à cœur aile contre aile,
Si nous étions éternelles ?
Mais l'une prend son envol
Et va jouer sur les tuiles.
Tête rentrée en son col
L'autre reste en son asile.
Bientôt gagnée par l'ennui
Elle rejoint son amie
Toutes les deux disparaissent
Dans des jeux pleins d'allégresse.
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Ciseler
Point de vue
Les deux faces des choses : alter et ego
Il est détestable de voir à quel point les hommes ne pensent qu'à eux. Leur bonheur, leur avenir sont leurs seules préoccupations, ils pleurent sur leur malheur ou savourent leur bonheur, et ils ignorent celui qui souffre à côté d'eux. Un peu d'attention ne leur coûterait rien.
Quoique...
Comment réagir si l'on s'aperçoit qu'un mendiant dans la rue est en réalité quelqu'un qui a parfaitement de quoi vivre ? Comment réagir si la personne que l'on voit souffrir quotidiennement d'une situation dans laquelle elle se trouve, ne fait rien pour en sortir, et continue de se plaindre et d'alimenter sa souffrance ? Ces gens-là valent-ils l'élan d'altruisme qui fait que l'on s'oublie soi-même pour voler au secours des autres ? Peut-on aimer ces gens ? Est-ce les aimer que de les laisser poursuivre dans cette voie ? Est-ce les aimer que de leur faire changer de route ? Est-ce que comprendre doit être le frère jumeau d'admettre ?
Certains, d'un autre côté, ne sont bien que quand ils aident autrui. Ils sont touchés du malheur d'autrui au point qu'ils se mettraient en danger s'il le fallait pour aider l'autre. N'est-ce pas la preuve, en plus de l'admiration qu'ils portent à cette autre personne, de leur complet dénigrement d'eux-mêmes ? A moins que ce ne soit que pour obtenir le renforcement dans la glace du reflet de leur ego, par les remerciements pour leur aide et leur réussite peut-être.
Les choses ont toujours deux faces et il est difficile de déceler si une seule est vraie ou si elles se mêlent, ou même si elles alternent en fonction du temps et des épreuves de la vie.
Si l'on cherche l'attitude à adopter, étant donné que les hommes cherchent le bonheur, qu'ils cherchent à rendre leurs amis heureux pour l'être aussi eux-mêmes par ricochet, il y a toujours un fond d'égoïsme en tout. On ne peut se départir de son ego.
© 2014, Opaline.
La Rose de mon cœur
La Rose de mon cœur
(section des poèmes nouveaux)
La rose de mon cœur a sept pétales rouges
Qui dansent dans le vent au son d'un piano.
Elle frémit soudain dès que ton bras qui bouge,
Caresse sur mon corps, fait luire l'anneau.
La rose de mon cœur a sept pétales roses :
Ils restent bien fixés, quelles que soient les choses
Défis du quotidien, se mettant sur ma route
Car la vie nous offre fortune et banqueroute.
La rose de mon cœur a sept pétales jaunes
Pour la poignée d'amis qui toujours reste là
Peuple mon univers et d'elfes et de faunes
Et garde rapprochés, de mon cœur les éclats.
La rose de mon cœur a sept pétales blancs
Qui en bouton fermé protègent mon enfant
Comme en un écrin doux pour ne pas qu'il se blesse
Et pour justifier de mon cœur la tendresse.
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Le feuilleton (la suite)
"Mais c'est un monde quand même ! On marche sur la tête !"
Lydie était revenue prendre des nouvelles de Gabriel. On lui refusait le droit de lui parler. Elle avait laissé libre cours à sa colère et était partie, non sans faire savoir son mécontentement à qui voulait bien l'entendre.
Pendant ce temps, les agents faisaient le point sur l'enquête en cours.
"Non mais t'y crois toi ?
- Je sais pas trop. Il a l'air sincère.
- Attends, une clé usb qu'il ne savait pas entre ses mains, il ne sait pas ce qu'il y a dessus, il ne sait pas où il a été séquestré, il ne peut décrire qu'un ado qui ressemble à n'importe quel ado mais aucun de ses ravisseurs, il est reparu comme il a disparu. Il est juste un peu amaigri. C'est un peu étrange tout de même non ?
- C'est vrai qu'il a pu jeûner pour qu'on croie à son histoire... Décidément je sais pas, mais on va avoir du mal à prouver son innocence comme sa culpabilité, il va falloir le relâcher."
Un autre agent était en train de répondre au téléphone :
"De quelle couleur le blouson ?"
(à suivre...)
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