Etrange soir de fête
Etrange soir de fête
(section des poèmes nouveaux)
Ils sont alignés là, en attendant les ordres,
Ils sont tous accroupis, tels des chiens prêts à mordre,
Dans le noir de la nuit, collés les uns aux autres,
Lors d'un premier janvier bien différent des vôtres.
La guerre est revenue, aurait-on pu penser.
Discrets dans le silence, ils se sont installés.
Leurs habits noirs de nuit sont assortis au ciel
Qui entoure la rue d'un cocon informel.
Les visières des casques rejettent crûment
La lumière blafarde des fanaux dolents
En éclairs disparates qui glacent le sang.
Leur chef, un peu plus loin, appelle incessamment
L'homme dans la maison, qui est déjà parti.
Il l'avait décidé : dans un geste précis
Calme et rasséréné, il a pointé vers lui
L'arme qui fit sa fin, et sans faire aucun bruit
Qui gênât les voisins, a pressé la détente
Et poussé le destin. Au dehors, c'est l'attente.
Ils ont la peur au ventre de se retrouver
Nez à nez, face à face avec un forcené.
Mais quand ils vont entrer la pression tombera
Pour laisser l'amertume, sentiment ingrat,
Envahir tous leurs membres et les désabuser.
La vie, pour ce soir-là, apparaîtra usée.
© 2014, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.