La Fausse rime
La Fausse rime
(section des poèmes nouveaux)
Dans la peau d'un poète, on a mal à la tête,
On y est à l'étroit dans le capharnaüm.
Tout se trouve entassé : ses cahiers et ses gommes
Sur des arbres en fleurs habités par des hommes
Tordus, en équilibre, et qui perdent la vue,
Ses idées en bouquets dans des placards en verre,
Surmontés d'instruments de musiques d'hier
D'aujourd'hui, de demain, et de quelques outils
De jardin, ses amours oubliés, des radis,
De grands champs cultivés, la folie, la forêt,
Des tranches de jambon, parfumé, il est prêt,
Des habits de dentelle et gâteaux à la crème,
Des métiers empilés sur des enfants qui aiment.
Mais, d'autres fois, pourtant, c'est un lieu angoissant,
On n'y trouve plus rien, car tout a disparu.
C'est un grand trou sans fond dans lequel il fait noir,
Qui donne le vertige et resserre la gorge,
Un bébé enfermé, vraiment seul dans la nuit.
On y erre sans fin comme en apesanteur
Sans pouvoir s'accrocher et sans rien retrouver
Changeant de perspective toutes les secondes
Même plus vite encore ; impossibles repères.
Quand enfin tout transi, on rampe sur la rive,
Le voyage vaut-il ce grand désir de vivre ?
© 2016, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.