Photophores inconnus

(section des poèmes nouveaux)

Un petit photophore posé sur le bord

De ta fenêtre au soir, brille dès qu'il fait noir.

Il fait lever les yeux du passant attardé

Qui n'attendait que ça pour se mettre à rêver.

Un petit photophore suspendu au bord

De ta belle marquise remue dans la brise.

Il montre le chemin au voyageur perdu

Qui cherchait où aller, mais ne le savait plus.

Je mettrai moi aussi un petit photophore

Quand je serai rentré, sur ma fenêtre, au bord,

Je penserai à toi, à ta maison là-bas,

Petits points lumineux, que je ne connais pas.

© 2016, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

En transit

(section des poèmes nouveaux)

Une fenêtre de fortune

S'accroche avec de la ficelle

Et claque au vent venu des dunes

Tout en rythmant sa ritournelle

Qui siffle si fort son message

A tous ces êtres de passage.

Les oiseaux viennent picorer

Les chiens déambulent par là

Les chats se faufilent, discrets,

Tout près des disputes des rats.

On aperçoit quelques humains

Entassés là, et désœuvrés ;

Ils en ont fait un long chemin

Pour repartir, pour arriver !

Ils ne se trouvent qu'en transit

Coincés dans un marais de boue

Ils rêvent de s'en aller vite

Pour avant tout rester debout.

Revenir sur leurs pas ne se peut,

Ils n'y trouveraient que le feu.

Pas d'avancée prévue non plus,

Le jardin est de barbelés.

Parqués comme des porcelets,

Mauvais regards, ils sont exclus.

© 2016, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Un Moment de tendresse

(section des poèmes nouveaux)

Des cris à l'extérieur

C'est un chat qui s'approche.

Un enfant qui regarde

Et ouvre la fenêtre,

Le joli matou saute

Pour rejoindre l'enfant.

Il ronronne et se frotte

Contre la main amie.

L'enfant penche sa joue

Le chat pose un bisou.

Dans ses grands yeux rieurs

La poussière de roche,

Le chat baisse sa garde,

Bébé qui vient de naître,

De câlin en tendresse.

© 2016, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Larme de poète

(section des poèmes nouveaux)

Une larme de soleil

Venue embrumer mon âme

S'est éclatée au réveil

Sans aucun bruit ni vacarme

Elle a coulé doucement

Répandue en firmament

Brillant de ses mille feux

Sans pourtant me réchauffer.

Exprimée de mon œil triste

Regardant par la fenêtre

Elle est essence d'artiste

Eclairée d'amour, peut-être...

Cédera-t-elle au sourire ?

Ça je ne pourrai le dire

Qu'après la marée passée

Dans une nuit argentée.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Rayon d'automne

(section des poèmes nouveaux)

Un rayon de soleil

A passé ma fenêtre

Sur son cheval ailé

Qui m'a émerveillée ;

Mais le rayon vermeil

Entré par ma fenêtre

En ces temps si troublés

N'a pu me réchauffer.

Il m'a porté lumière

Il m'a porté beauté

Et j'ai vraiment souhaité

Que dans tout l'univers

Le grand froid extermine

Toute forme vermine.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Instantanés d'un jour

(section des poèmes nouveaux)

Sur son lopin de terre

Et sur ses murs de pierres

Il construit l'avenir.

Dans sa vieille maison

De gros rondins tout ronds

Elle se chauffe au feu.

Dans leur appartement

Qui n'est vraiment pas grand

Ils vivent en départ.

Dans la vieille cabane

Entourée de bardane

Le vieux vit au présent.

Des cordes bien tendues

Aux fenêtres des rues

Linge qui sèche au vent.

Et plus loin, sur la place,

C'est un ballon qui passe

Dans les rires d'enfants.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Exil

(section des poèmes nouveaux)

Quand il faudra partir au matin sur la grève,

J'observerai de loin la journée qui s'achève.

Avant de préparer la maison que j'emmène,

Pour mieux abandonner la misère qui traîne,

Je prierai les esprits de tous mes vieux ancêtres

De me donner bonheur, de m'ouvrir la fenêtre.

Je passerai sans heurt et j'aurai liberté

De vivre sans le bruit des munitions tirées,

Des maisons qui s'écroulent à coups de missiles,

De gens tous suppliant : je trouverai asile.

Un jour, mon bel enfant, la paix vaincra partout,

Voilà, en attendant, il nous faut fuir les coups.

Je voudrais que tu voies un monde calme et doux

Pour t'entourer toujours, au lieu de tous ces loups.

Pour cela, nous marchons et marcherons encore

Laissant derrière nous tous ces fous de la mort.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Silence à l'ouverture du rideau

Puis lentement le spectateur

Entre par la fenêtre

Comme un voleur muet

Tout à son observation très

Attentive :

Chaque tranche de vie

Le transporte

En l'univers de ses sentiments propres.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Fine limite

Entr'ouverte

Ne pas regarder dehors, ni dedans,

Et puis si !

Tout découvrir

Réel, imaginaire :

Emmagasiner la lumière de sa vie !

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Le Calme du village

(section des poèmes nouveaux)

J'aime mon village

Au soir dans le calme

Coudes à la fenêtre

Les yeux sur les toitures

On y respire mieux

Que n'importe où ailleurs.

La chaleur des pierres

M'enveloppe entière

Quand je me place ainsi

Au début de la nuit

Pour contempler les cieux

Et les étoiles roses.

Car depuis l'étage

Entre ciel et terre

Comme un oiseau, on vole

Libre comme un grand aigle

Qui repère de loin

L'endroit où se poser.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.