L'Escargot et l'arachnide

(section des poèmes nouveaux)

Sous le soleil torride

Un escargot placide

Sur cette terre aride

Avance tout candide.

Ce n'est pas un bolide...

Avec son pied valide

Sa coquille en égide

L'escargot intrépide

Rencontre un arachnide.

L'escargot impavide

Sur cette place vide

Admire les cnémides

De l'araignée bifide.

"Veux-tu être mon guide,

Toi, l'araignée rapide ?

-Moi ? Mais je suis gravide !

Et puis tu m'intimides

Le petit invalide

A la traînée humide !

-Ah ! ce rire perfide !

Ces paroles acides !

Je m'en moque et décide

Qu'il serait bien stupide

D'être fait ton séide !

Lâche-moi donc la bride !"

Derrière une oxalide

Disparaît l'arachnide.

L'escargot apatride

A la démarche fluide

Est devenu lucide.

Laissant la fratricide

Il court les pyramides

Sur son chemin liquide

Du grand monde splendide.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Du Don de l'émotion

(section des poèmes nouveaux)

Eh, l'artiste !

Donne-moi ton émotion

Tu es là pour ça

Et c'est si bon !

Au travers de tes textes

Dans les sons de tes notes

Les couleurs de tes dessins

Je perçois soudain

L'essence du sentiment.

Eh, chéri !

Donne-moi ton émotion

Tu es là pour ça

Et c'est si bon !

Pourquoi refuses-tu ?

Pourquoi te caches-tu ?

Ne mérité-je donc pas

Confiance suprême

De reconnaître tes pleurs

Et de les recevoir au creux de mon épaule ?

Je me retrouve face à un mur

Et j'aimerais savoir si je suis cause

De cette attitude dure

Ou si tu considères

Qu'éternelle inférieure

Je ne suis pas digne

De porter tes malheurs...

Dans le son de ta voix

Dans le clair de ton regard

J'ai bien peur

De déjà savoir.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Le Trésor du poète

(section des poèmes nouveaux)

Sur le bord du chemin, j'ai trouvé une graine.

Très tôt, de grand matin, je l'ai faite ma reine.

Je suis rentré chez moi et l'ai plantée de suite

Dans un joli pot droit, en pensant que très vite

Je pourrais découvrir la beauté souveraine.

Mais j'ai dû patienter

Avant de voir germer

Fleurir et s'épanouir

A grand renfort de soins

Ma trouvaille d'aubaine.

Je l'ai tout doucement arrosée chaque jour.

J'ai régulièrement mis le soleil autour.

J'ai espéré souvent et me suis demandé

A quoi, nom d'un grand vent! elle ressemblerait.

A force de patience et de sollicitude,

Elle daigna montrer une forme prélude.

Je ne distinguais pas du tout si nettement

L'apparence, tu vois, qu'elle aura dans vingt ans.

Mais la plante a poussé, grandi, s'est ramifiée,

Un bouton s'est formé, tout doux et coloré,

Et quand il a enfin décidé de s'ouvrir,

Je n'avais pas couvé pour rien ma jolie graine du matin.

Lors j'ai trouvé merveilleux les grands sépales de l'idée.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

La Vieille et la fenêtre

(section des poèmes nouveaux)

Le soleil tape à la fenêtre,

Elle a trop chaud.

Il luit,

Et darde ses rayons.

Le soleil cogne à la fenêtre,

Sur le carreau.

Alors elle ouvre.

Et puis elle regarde passer

Les gens toujours pressés.

Doucement

L'idée germe...

Elle accroche un sourire à ses lèvres

Elle s'affaire

Elle a presque la fièvre.

Le soleil cogne à la fenêtre

C'est rigolo.

Et le seau d'eau s'abat sur le passant

Qui soudain est au frais.

Un rire déchire l'atmosphère

Le passant est estomaqué.

Il ne voit pas la vieille

Cachée dans la maison.

Et le soleil par la fenêtre,

Chauffe son dos.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

L'Amant de la Lune

(section des poèmes nouveaux)

J'ai vu la Lune dans le ciel

Eclairant tout dans la nuit noire,

Elle brillait comme un soleil,

Elle brillait comme un diamant.

J'ai vu la Lune dans le ciel,

Elle m'a demandé conseil.

Elle aurait bien voulu savoir

Comment séduire son amant.

J'ai réfléchi et lui ai dit :

"Il te faut aller voir Saturne

Et te parer de ses anneaux,

Effacer ton air taciturne,

Tu pourras te jeter à l'eau.

-J'ai peur, tu sais, j'ai peur...

-Rassure-toi, tu es toute lueur."

La suite ne dit pas

Si l'amant a craqué.

Il a vu la Lune arriver

Vêtue de glace aux doux reflets

Avec ses grands yeux pétillants.

La porte de la nuit s'est fermée

Sur la Lune, son amant et leurs secrets ;

Au dernier instant j'ai aperçu

Saturne en colère et tout nu.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

La Barcarolle du printemps

(section des poèmes nouveaux)

Chante, chante, petit rossignol,

Tu es l'insigne du printemps

Tu le répands tout au long de ton vol

De la terre jusqu'au firmament.

Tu passes au-dessus des corolles

De toutes les couleurs de l'univers

Réparties partout sur le sol

Et tu traverses les airs.

Chante, chante, petit rossignol,

Tu es l'insigne du bonheur,

Fais-nous entendre sa barcarolle

Pour chasser comme le vent nos pluies de pleurs.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Un Baiser dans tes yeux

(section des poèmes nouveaux)

Un baiser a traversé la salle

Porté sur les ailes du désir

Je l'ai lu au fond de ton regard

Prendre son envol de tes soupirs.

Un baiser a traversé la salle

Posé sa douceur sur mon visage

Avec la tendresse d'un espoir

Et bouleversé mon côté sage.

Ce baiser qui traversait la salle

Révéla le secret entre nous

A qui voyait nos yeux dans le soir,

Et je le garderai au cas où.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Une âme en peine

(section des poèmes nouveaux)

Le corps léger

Un poids pèse sur mon cœur.

Donnez moi un bout de toile de jute

Pour me servir de parachute.

Venez, venez les araignées

M'empêcher de broyer du noir !

Bonne nuit,

Les invertébrés !

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Un jour, j'ai vu un papillon

(section des poèmes nouveaux)

Un jour, j'ai vu un papillon

Je l'ai suivi tout en courant

Il a disparu au tournant

Puis s'est posé sur mon menton.

Il me chatouillait sans arrêt

Mais je n'ai pas osé bouger.

Il me signalait le printemps

En me montrant toutes ses dents.

Je le regardais dans les yeux

Et lui disais : "Je suis heureux !"

Quand tout à coup il s'en alla

En me criant : "Rattrape-moi !"

Jamais je ne l'ai plus revu

Je l'ai pourtant cherché, cherché

Tant que l'été est arrivé

Et que pour rien j'avais couru.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.

Un Papa

(section des poèmes nouveaux)

Il roule le long de la côte,

Il roule en regardant la mer,

Les mots résonnent

En son esprit,

Les maux cognent

Contre sa poitrine.

Il n'aurait jamais cru cela possible.

Malgré tout l'amour qu'il avait pour elle,

Malgré leur relation si respectueuse

Au début...

C'était incompréhensible !

Qu'elle le largue sur une vague haute,

Passe encore ce goût amer ;

Elle déconne

Et c'est fini

Elle est en rogne,

Mais la gamine...

Oh ! Combien c'est inadmissible

De jouer avec les sentiments !

Elle est si merveilleuse

Ingénue...

Son lien indestructible.

Incapable d'assurer dans ses responsabilités parentales

Elle a choisi la guerre

Faire mal

Elle a gagné.

Est-il donc si normal

Quand on est père

De devoir sauver son enfant

De sa mère ?

Il se souvient de ces matins

Où il l'a bercée

Il revoit son sourire...

Il doit se battre

Il est face à la mer

Sans pouvoir la distinguer

Tellement ses yeux sont baignés.

Il a garé la voiture un peu plus tôt

C'était une bonne idée.

Reste le manque

Insondable.

© 2015, Opaline. Tous droits réservés, reproduction interdite.